Anti-oppression

Historique de l’anti-oppression à la CJS - Anti-oppression, guérison et justice environnementale - Un mot sur la culpabilité - Devenir un-e allié-e - Définitions - Ressources

Il est de notre responsabilité, en tant qu’individus œuvrant à la création d’une planète plus saine, d’examiner comment tous les systèmes d’oppression sont reliés et comment ceux-ci reflètent la dégradation de notre environnement physique. Historiquement, le mouvement environnemental était composé, en majorité, de Blancs issus des classes aisées, laissant de côté certains des groupes les plus touchés par la dégradation de l’environnement, par exemple les communautés de personnes de couleur. Le leadership de ces communautés, dans les efforts destinés à créer une planète plus durable, continue d’être marginalisé, comme il l’a été depuis 500 ans.

De plus, le racisme, le sexisme, le classisme, la transphobie, l’hétérosexisme et la discrimination fondée sur la capacité physique, entre autres, sont tout aussi nuisibles pour notre environnement humain que l’est sa dégradation physique. L’oppression nous sépare et empêche certaines personnes de faire entendre leur voix et, ultimement, limite la portée de nos victoires dans la création d’un monde équitable et durable. Cette section de notre site Internet a été adapté à partir des informations de la coalition Student Environmental Action.

Historique de l’anti-oppression à la CJS

La CJS travaille sur plusieurs fronts pour faire en sorte que l’anti-oppression ne soit pas reléguée à un simple sujet de conversation intellectuelle à la mode sans pour autant que les rapports de pouvoir soit remis en question. Nous analysons de façon critique, comment les rapports de pouvoir et les différents systèmes d’oppression opèrent au sein de notre propre organisation, dans les relations entre l'organisation et ses membres, ainsi que les relations entre les membres. Nous examinons également des possibilités nous permettant, par des changements d’ordre structurels, de faire preuve de notre engagement à créer et cultiver une organisation anti-oppressive.

Politique d’anti-oppression de la CJS (entrée en vigueur décembre 2008)

Annexe à la Politique d’anti-oppression de la CJS (entrée en vigueur décembre 2008)

Le Groupe de travail sur l’anti-oppression de la CJS a vu le jour à la Conférence nationale des Campus durables qui a eu lieu à l’automne 2007 à London, en Ontario. Il est constitué d’étudiants et de jeunes de partout au Canada, d’employés ainsi que de membres du conseil d’administration de la CJS.

Le groupe de travail nous permet d’échanger des connaissances, de l’expérience, des outils et de la documentation afin de nous responsabiliser et de nous éduquer sur la façon dont les systèmes d’oppression se manifestent dans notre quotidien et dans nos comportements de même qu’au sein des groupes étudiants et des campus. Ainsi, nous espérons d’une part pouvoir mieux comprendre comment l’anti-oppression nous concerne et influence notre vision et notre pratique du développement durable. D’autre part, notre compréhension nous permettra de poser des gestes concrets et responsables afin d’enrayer les mécanismes de l’oppression en nous-mêmes et au sein des groupes avec lesquels nous travaillons.

Si vous souhaitez participer à ce groupe de travail, vous pouvez écrire à Laura, la coordonnatrice nationale des Campus durables, à national@syc-cjs.org.

L’anti-oppression, la guérison et la justice environnementale

Il nous faut tout d’abord reconnaître que l’oppression systémique concentre les effets de la destruction de l’environnement, de la pollution et des changements climatiques sur les communautés marginalisées. Il est important de créer des espaces où l’on peut parler de cas d’injustices environnementales survenues au Canada. Faire des liens et trouver les points communs entre différentes luttes nous rend plus forts et plus efficaces en tant que jeunes gens désireux de provoquer des changements sociaux et environnementaux. En ce sens, si vous souhaitez partager vos histoires et vos articles, écrivez-nous à national@syc-cjs.org.

Un mot sur la culpabilité

Lorsqu’elles sont confrontées à des cas présents ou passés d’oppression systémique, certaines personnes se sentent coupables de se trouver dans une position sociale privilégiée (de par leur race, classe, sexe, orientation sexuelle, capacité, etc.). La culpabilité est une phase utile de la prise de conscience si elle pousse la personne à explorer comment se manifestent ses privilèges innés au quotidien, puis à déconstruire le fondement et les racines de ces privilèges. S’ils s’arrêtent à la culpabilité, toutefois, les gens se figent dans un état de défense qui renforce les oppressions systémiques en place, se prévalant du privilège de ne pas agir pour contrer l’oppression (ce qui n’est pas un choix offert à tous). La pratique de l’anti-oppression s’attaque directement aux limites du modèle de culpabilité en fournissant des outils et des mécanismes qui peuvent nous aider à renverser les rapports de pouvoir établis, en eux-mêmes et au sein du groupe auquel ils appartiennent.

Devenir un-e allié-e

Allié-e: un-e membre d’un groupe dominant qui s’efforce de renverser toute forme d’oppression de laquelle il ou elle tire un avantage. Être un allié signifie prendre une responsabilité personnelle et active pour apporter les changements (que nous reconnaissons comme étant) nécessaires dans la société, au lieu de les ignorer ou laisser les autres s’en occuper. (Mariama Richards & Elizabeth DeNevi, The Difference between an Allie and a Friend.) Voici quelques exemples de questions, inspirées des groupes de discussion de United Students Against Sweatshops, que peuvent se poser les alliés de différents groupes dominants.

  • Quels sont les privilèges dont je bénéficie en tant qu’homme?
  • Qu’est-ce que l’hétéronormativité?
  • Arrive-t-il que mon groupe néglige les besoins d’une personne lors de l’organisation d’événements ou de campagnes, par exemple le temps dont cette personne a besoin pour effectuer une tâche?
  • M’est-il déjà arrivé de compter mes amis qui appartiennent à une communauté de personnes de couleur pour me donner de la légitimité?
  • Je cherche activement à me renseigner sur l’histoire et les expériences des womyn, des personnes transgenres, intersexuelles et genderqueer. (Oui ou non) ).
  • Je cherche activement à me renseigner sur l’histoire et les expériences des personnes de couleur. (Oui ou non)
  • Le travail est-il souvent attribué en fonction du sexe dans mon groupe?

Définitions

Voici quelques définitions importantes dans le travail lié à l’anti-oppression.

Blanchitude : Une série de positions sociales qui est historiquement, socialement, politiquement et culturellement créés et qui est intrinsèquement liée à des rapports de forces, des "relations de dominance" (R. Frakenburg). Cette position sociale est une identité, une culture, ainsi qu’un endroit où une personne peut se situer afin de refuser une identité marginalisée et se prévaloir de privilèges. C’est aussi une position sociale que certains tentent de refuser, par culpabilité. L’un des dangers est de ne pas reconnaître la blanchitude comme une culture, celle-ci devient alors normative, c’est-à-dire, devient la norme par laquelle toute autre culture est mesurée et jugée. Cette normativité soutient l’oppression depuis l’ère coloniale et a eu de multiples conséquences.

Classisme : inégalité persistante fondée sur la classe sociale et économique.

Discrimination fondée sur la capacité physique : action ou pratique institutionnelle qui normalise certaines caractéristiques physiques et habiletés, constituant ainsi un frein à la pleine participation de gens qui se retrouvent à l’extérieur de ce modèle « normal ».

Ethnocentrisme : contrôle d’une communauté par un groupe ethnique en particulier. Le groupe dominant est hostile et fermé au dialogue ou à la différence. Les membres du groupe imposent intentionnellement leur compréhension de la réalité et leurs idées à toute la communauté. Les personnes qui ne sont pas membres de la culture dominante se sentent inconfortables, mises à l’écart et opprimées.

Genre : le genre dénote une condition sociale, culturelle ou psychologique, par opposition au sexe biologique. Certaines personnes ont une identité de genre qui ne correspond pas à leur sexe biologique, ce sont des personnes transgenres, transsexuelles, intersexuelles.

Hétérosexisme : parti pris avoué ou implicite contre l’homosexualité, découlant de la croyance que l’hétérosexualité est supérieure ou constitue la seule forme acceptable de la sexualité.

Homophobie : peur, aversion ou discrimination dirigées contre l’homosexualité ou les homosexuels. Il peut aussi s’agir de haine, d’hostilité ou de désapprobation envers les personnes homosexuelles, certains comportements sexuels ou certaines cultures.

Justice environnementale : mouvement mené par des communautés de personnes de couleur contre le racisme environnemental et en faveur de communautés durables, autodéterminées et justes. (traduction : Movement Strategy Center).

Oppression : pouvoir et effets de la domination. Il s’agit des injustices que subissent certains groupes de la part du pouvoir institutionnalisé en conséquence des privilèges accordés à d’autres. L’oppression peut également se manifester par des préconceptions inconscientes de la part de personnes bien intentionnées dans des interactions de tous les jours, préconceptions véhiculées par les médias et les stéréotypes culturels ainsi que par les institutions telles que l’école, le gouvernement, les entreprises, les organisations, etc. Certains définissent l’oppression simplement comme des préjugés combinés au pouvoir.

Patriarcat : système qui privilégie, par des comportements individuels et collectifs ainsi que par les institutions, les hommes au détriment des femmes de même que certains hommes (avec une certaine forme de masculinité bien particulière) au détriment de certains autres, parce qu’ils sont jugés supérieurs. À l’intérieur de ce système, le sexe est combiné à d’autres attributs tels que l’ethnicité, la race, le pouvoir et la classe sociale.

Privilège : droit, avantage, faveur ou immunité accordés spécialement à une personne, en particulier un droit détenu par une personne, un groupe ou une classe et refusé à certains ou à tous les autres. Ce que l’on considère comme des droits fondamentaux deviennent des privilèges lorsqu’ils sont refusés à d’autres. Par exemple, comme les personne de couleur sont trois fois plus susceptibles de se faire arrêter par la police et que pourtant les Blancs sont quatre fois plus susceptibles d’être en possession de drogue dans leur voiture, il devient un privilège accordé à ces derniers de croiser la police sans se faire arrêter.

Racisme environnemental : ensemble de structures, d’institutions, de pratiques et d’idées qui engendrent des environnements malsains et empoisonnés, concentrés dans des communautés à faible revenu et de personnes de couleur à l’échelle de la planète. (traduction : Movement Strategy Center). Racisme : croyance selon laquelle des personnes de différentes cultures possèdent des qualités et des habiletés innées et différentes. Cette croyance est issue d’une conception erronée de l’ethnicité selon laquelle il existe des races humaines génétiquement différentes. Le racisme constitue également la capacité d’agir en fonction de telles prémisses et d’établir des structures et des institutions sociales destinées à promouvoir un système d’avantages justifiés par la supériorité raciale.

Racisme renversé : faux terme utilisé par les Blancs pour nier qu’ils bénéficient de privilèges. Les personnes de couleur ne possèdent pas le même pouvoir institutionnel pour soutenir ou maintenir des préjugés individuels ou collectifs qu’ont les Blancs. (traduction : Challenging White Supremacy)

Sexisme : Action ou structure institutionnelle qui subordonne ou limite des personnes en raison de leur sexe. Comme dans le cas du racisme, la détention du pouvoir est un élément clé. Le pouvoir aux États-Unis repose majoritairement entre les mains d’hommes (mais pas de tous les hommes, il va sans dire). Les hommes utilisent ce pouvoir pour opprimer et exploiter les femmes. Les femmes, en tant que groupe, n’ont pas le pouvoir et le contrôle institutionnel au moyen desquels elles pourraient opprimer et exploiter les hommes en tant que groupe ou individuellement (toutefois, il se peut que des femmes, individuellement, exploitent des hommes). (Adaptation : Rainforest Action Network’s Principles of Coalition Building, ainsi que Mariama Richards et Elizabeth DeNevi). Pour obtenir d’autres définitions, consultez les documents Rainforest Action Network Principles of Coalition Building et Working Definitions de Mariama Richards et Elizabeth DeNevi.) Avis : l’organisme et les auteures sont américains, de même que leur contexte; par exemple, le terme « multiculturalisme » possède une signification culturelle bien différente au Canada, où on l’utilise fréquemment pour nier la réalité du racisme et de la discrimination présente au Canada.

Ressources

Pour atteindre vos objectifs en matière d’anti-oppression, il est important de travailler avec des personnes ressources expérimentées en anti-oppression afin d’éviter de prendre un engagement purement symbolique. La CJS a créé un Guide de ressources sur l’anti-oppression (en anglais) qui comprend une liste de conférenciers et de formateurs de partout au Canada; ces personnes sont spécialisées en développement durable et en anti-oppression et peuvent donner des outils pour contrer les rapports de pouvoir au sein d’un groupe.

Apprenons ensemble… c’est ainsi que nous cultiverons notre force et notre solidarité !